les peintres de fleurs

Peinture des Fleurs

Peindre des fleurs c'est mettre en forme la poésie disent les japonais
Selon la doctrine <<naturaliste>>, la Beauté est atteinte grâce à un choix et à une synthèse opérés par l'artiste entre les beautés éparses trouvées dans la nature.

Vincent Van Gogh et Auguste Renoir l'ont découverte dans leurs célèbres tableaux des fritillaires et Tournesols pour le premier et dans le vase de roses pour ce dernier. Le monde des arts s'est extasié et s'extasie encore devant ces tableaux

Les fritillaires de Vincent Van Gogh
Tournesols de Vincent Van Gogh
vase de roses d'Auguste Renoir

Avant de procèder à une analyse détaillée des techniques employés par ces deux maîtres pour les réaliser faisons un bref retour sur l'histoire de la peinture des fleurs ;

Histoire de La peintures des fleurs

en Chine

C'est en Chine que l'on voit apparaître, au Xe siècle, la peinture de paysages dans lesquels les plantes sont traitées avec un réalisme saisissant. On sait que l'Extrême-Orient ne devait plus oublier, jusqu'à nos jours, cette source d'inspiration esthétique qu'il traite avec une magistrale originalité.

Le Peintre des fleurs :Yun Shoupin(1633-1690)

Yun Shoupin renouvelle la peinture de fleurs en rejetant les recettes de ses prédécesseurs. Surtout, il n'apprécie pas l'art de ses homologues de la dynastie précédente, Chen Shun (1483-1544) et Lü Ji (1495-1544), dont il dit : < Ils paraissent avoir pensé que l'art consiste à altérer la nature. moi, à l'inverse, je crois que c'est seulement en poussant la représentation réaliste jusqu'à ses ultimes limites que l'on peut transmettre l'essence d'une fleur.> Il prit pour modèles les peintres Song, en premier lieu Xu Zhongsi (XIe siècle), le descendant de Xu Xi, l'un des pères de la peinture de "fleurs et oiseaux" sous les Cinq dynasties.

 

Rose de Yun Shoupin

Cette nuit de printemps

de ténèbres informes,

la couleur des fleurs de rosier

ne peut en vérité se voir

mais comment leur parfum pourrait-il se cacher?


Les nikki de Tsurayuki


Dans la peinture de fleurs comme dans le paysage, Yun Shoupin exécuta de grandes compositions et de petits formats. Les premières, décoratives et brillantes, toujours en couleurs firent sa célébrité: iris, lotus, fleurs de pêcher et de prunier, tantôt monochromes, tantôt à l'encre rehaussée de couleurs tendres, tantôt suivant la technique "sans os" mogu héritée de Xu Zhongsi. Cette technique consiste à supprimer les contours à l'encre, la forme étant créée par les seuls dégradés des lavis de couleurs légères, rehaussés de lignes colorées (tiges, nervures des feuilles). Yun Shouping utilise la couleur dans un sens nouveau pour la peinture chinoise: les surfaces colorées se chevauchent, les tons dégradés se marient subtilement, créant des effets de volume très réalistes.( la rose ci-dessus illustrée de l'Album de fleurs et plantes, 1689,), œuvres des dernières années de l'artiste, constitue un exemple - parmi beaucoup d'autres - de l'équilibre réalisé entre le coup de pinceau abrégé, et la touche subtile et détaillée du coloriste.

en Europe

la Renaissance italienne, d'une part, la tradition naturaliste particulière aux Écoles des Flandres et du Nord, d'autre part, feront alors de la peinture de fleurs un genre presque autonome qui transpose avec bonheur l'art très ancien des bouquets. Ces nouvelles tendances devaient, comme on le sait, s'étendre aux métiers d'art en général, et, avec des péripéties diverses, en féconder l'inspiration jusqu'au milieu du XVIIIe siècle,

Giovanni da Udine (1489 -1561) premier grand peintre "moderne" de natures mortes.

Son œuvre de décorateur doit son originalité, sa qualité, à une invention inépuisable, à un sens du rythme architectural qui lui fait éviter toute surcharge ornementale, et aussi à un don d'observation (de la nature, des animaux, des plantes) qu'il a cultivé dès son enfance et qui fait de lui un peintre de nature morte. On ne connaît plus malheureusement son œuvre en ce domaine que par une bonne copie du XVIIIe siècle, d'après un tableau daté de 1538 et représentant un citronnier chargé de fruits, dans un pot. Mais certains détails de ses compositions décoratives suffisent à montrer qu'il fut un grand peintre de fleurs et de fruits

Fruits de Giovanni da Udine
Fruits de Giovanni da Udine

"Les oiseaux [...] perchés sur des fleurs, sur des épis de maïs, de millet ou de blé, même sur des légumes ou des fruits, les poissons [...] les animaux qui vivent dans l'eau et les monstres marins [...] les fleurs de toutes les espèces et de toutes les couleurs que produit la nature dans toutes les parties du monde et en toutes saisons" (Vasari) font de Giovanni le spécialiste reconnu des "grotesques

L'art des bouquets des peintres hollandais et flamands

L'art des bouquets, , qui, à l'occasion se conjugue avec les motifs de la "table servie", connaît un essor parallèle: les principaux représentants en sont le Hollandais A. Bosschaert l'Aîné, qui place ses bouquets dans des niches ouvertes sur un fond de paysage. et le Flamand J. Brueghel de Velours, qui, en plus de ses qualités éminentes de peintre et de son intérêt pour le langage symbolique des fleurs - par quoi il se rattache à l'art religieux de la fin du Moyen Âge -, a le mérite d'avoir développé une formule déjà en place chez Hoefnagel mais promise

coupe de fleurs de Osias Beert
corbeille de fleurs de brueghel le jeune

L'art des guirlandes et des couronnes de fleurs au XVII e siècle

Connurent un grand succès, notamment celle de la guirlande entourant un sujet religieux ou un portrait (J. Van Kessel et D. Seghers en Flandres, Mario de' Fiori en Italie, J. de Arellano en Espagne, J. Davidsz de Heem en Hollande, J.-B. Blain de Fontenay en France.

Guirlande de Rubens

au XIX-XX e siècle

Les impressionnistes,

avant tout peintres de plein air, ne dédaignent pas de s' adonner à l'art de la nature morte(Bazille, Caillebotte, Morisot, Monet, Renoir, J.-E. Blanche...),

Vincent Van Gogh, Langage pictural à caractère expressionniste

Ainsi dans Branche d'amandier en fleurs (1890,) tableau ci-dessous exposé, Vincent célèbre-t-il, la naissance d'un fils chez Théo, son frère.

Les amandiers de Vincent Van Gogh

Auparavant à son arrivée à Paris , en 1886, il avait étudié les tableaux de fleurs riches en matière de Monticelli, elle avait été l'occasion de puissants exercices de style japonisant technique de l'applat (Tournesols défleuris, 1887, musée Kröller-Müller, Otterlo) - voie déjà empruntée par Gauguin (Nature morte à la tête de cheval sculptée, 1886, coll. part.)

Dans les différentes versions des Tournesols (Rijksmuseum V. Van Gogh, Amsterdam; National Gallery, Londres, etc.), où la "haute note jaune", si caractéristique de la production arlésienne, mobilise et embrase tout le champ du tableau

Odilon Redon couleur et inspiration

Au début du XXe siècle, se manifeste, avec ses natures mortes aux fleurs d'un style détendu , ses évocations de figures mythologiques et ses paravents décoratifs. Au lieu de sujets étranges, ce sont désormais des coloris éblouisssants qui créent le climat envoûtant de ses œuvres. Alors qu'il est âgé de près de soixante ans, une nouvelle période créatrice commence pour Redon. Il se tourne vers l'extérieur, voyage en Bretagne, sur la côte d'Azur, en Hollande, en Angleterre, en Suisse et en Italie, et participe aux expositions. Il recourt à la peinture et au pastel, et y déploie un sens admirable de l'orchestration chromatique. Dans son œuvre graphique, il était parvenu à pénétrer dans le royaume caché de l'imaginaire, en se soumettant "aux lois secrètes qui, dit-il, m'ont poussé à créer, selon mes rêves, des choses dans lesquelles j'ai mis mon moi tout entier"; mais maintenant, sa peinture le conduit à maintenir la communication avec "les merveilles du monde visible". D'une toute autre veine, plus onirique, procède le symbolisme de ses nombreux Vases de fleurs

La couleur de la fleur


s'est évanouie,


tandis que je contemplais


vainement

le passage de ma persone en ce monde

vase de fleurs d'Odilon Redon
recueil "kohinshù d'Ono no Komachi

Matisse avait renversé cette convention en colorant le cerne prononcé de certains personnages. Cette fois, il s'agit de fondre ces deux pôles traditionnellement séparés: <<"Au lieu de dessiner le contour et d'y installer la couleur - l'un modifiant l'autre - je dessine directement dans la couleur, qui est d'autant plus mesurée qu'elle n'est pas transposée." Cette simplification, concluait le peintre, "garantit une précision dans la réunion des deux moyens qui ne font plus qu'un">>. Prolongeant un procédé de gravure de la ligne dans la couleur que certaines toiles permettent d'observer et qui rappelle les dernières œuvres de Gustave Moreau, la découpe pénètre physiquement, et directement dans la masse colorée.

les magnolias d'Henri Matisse
iris et mimosas d'Henri Matisse
les anémones d'Henri Matisse

Pour Cézanne, la nature morte est un motif comme un autre, équivalent à un corps humain ou à une montagne, mais qui se prête particulièrement bien à des recherches sur l'espace, la géométrie des volumes, le rapport entre couleur et forme: "quand la couleur, dit-il, est à sa puissance, la forme est à sa plénitude" Ce serait toutefois une erreur de croire qu'à partir de Cézanne le choix des objets, si banals et peu sollicités pour leurs qualités esthétiques intrinsèques soient-ils, devient indifférent à l'artiste.

Fleurs de Paul Cézanne
Vase bleue de Paul Cézanne
Chrysanthémes de Paul Cézanne

La touche, compacte et resserrée, disposée en vibrantes diagonales parallèles, acquiert une certaine autonomie par rapport aux objets représentés. Le coloris, plus éclatant et plus tranché, s'affranchit lui aussi du strict rendu réaliste: l'effet proprement plastique semble désormais primer. C'est au même moment qu'apparaissent, dans les natures mortes, les distorsions de l'espace qui ne peuvent, comme on le pensait à l'époque, relever, à ce stade du développement stylistique cézannien, de simples maladresses. Incomprises en leur temps, elles sont ensuite devenues comme l'atteste les chrysanthémes ci-dessus exposés l'un des traits caractéristiques de son génie, génie d'un peintre annonciateur ou initiateur du cubisme.

Zoom sur Les fritillaires de Vincent Van Gogh et sur le vase de fleurs d' Auguste Renoir -

Les " fritillaires" de vincent Van Gogh

fritillaires de Vincent Van Gogh
zoom 1
zoom 2
zoom 3

Vincent Van Gogh exécute ce tableau dans un style japonisant obtenu par l'a-plat des fleurs . Cette technique de l'a-plat n'a plus seulement un pouvoir décoratif mais sert à donner au ton la plus grande force d'expression. La lumière venant de face les fleurs des fritillaires éclatent de couleurs vives sans être assombries par les ombres portées des autres fleurs (zoom1 et 2). Ce tableau a la légèreté d'une aquarelle; En effet, il laisse des jours autour des fleurs ( zoom 3) comme les aquarellistes le font allégeant ainsi le tableau réalisé dans l'épaisse matière de la peintureà l'huile. Le fond bleu est lui-même réalisé avec de nombreux points ajourés blancs.

Le vase de roses et de glaieuls d'Auguste Renoir

Le vase de fleurs d'Auguste Renoir
zoom 1 sur les fleurs
zoom 2 sur les roses
zoom 3 sur Glaieuls

 

Il se dégage de ce vase de fleurs une puissante vérité. Les roses aux teintes pales apparaissent luisantes et bien en chair. (zoom 2) . Le dégradé des couleurs donne du volume aux fleurs à l'opposé de la technique de l'a-plat.Il se dégage une sensualité qui ne surprendra pas l'oeil . renoir l'a exprimée dans ses célèbres nus. Pour traduire l'espace, auguste Renoir utilise les ombres portées. Le tableau obtient ainsi une plus grande puissance.. Auguste Renoir a le secret pour modeler avec délicatesse et sensualité la symphonie colorée des fleurs.


<< Tantôt la rosée tombe et la fleur reste, mais la fleur se flétrit au soleil matinal

Tantôt la fleur se fane et la rosée demeure, mais la rosée disparait avant le soir.>> "Hojoki" de Kamo Chomei . Grace à Dieu les fleurs peintes restent.