La Biblioteca
Nacional d'Espagne ......conserve lune des collections les plus
vastes du monde dEstampes de Goya et sans doute la plus riche en
épreuves rares et uniques. Son ampleur permet détudier
et de comparer les multiples éditions des planches réalisées
pendant près de deux siècles, en utilisant différents
papiers et encres et lincidence des estampages successifs sur les
planches originales. Ce remarquable ensemble doeuvres dune
qualité et dune rareté extraordinaire permet dautre
part une analyse très approfondie des processus créatifs
et techniques de lartiste aragonais. Les oeuvres dart ici
réunies, provenant toutes des fonds de la Bibliothèque Nationale,
prétendent, en premier lieu, offrir une vision panoramique, variée
et représentative des gravures et lithographies de Goya. Un effort
a également été fait pour les situer dans le contexte
de sa vie et de lart de son temps et suggérer ses affinités
avec dautres grands artistes graveurs antérieurs, espagnols
et étrangers.
Loeuvre
graphique que Goya exécuta tout au long de sa vie (près
de mille dessins et estampes) constitue, sans aucun doute, lune
des facettes les plus importantes de son oeuvre. Plus de deux cents
cinquante ans après la naissance de lartiste, loriginalité
de ses images, la qualité de sa technique, la modernité
et lactualité de ses approches continuent à fasciner
quiconque les contemple avec attention. En outre, les gravures et les
lithographies de Goya ont représenté un véritable
défi pour tous ceux qui ont consacré leurs efforts, voire
leur vie, à en comprendre lintention et la signification,
ainsi quà les documenter et les dater correctement. Sur
la web, on essaie de montrer au grand public plus de trois cents oeuvres
dune qualité et dune beauté véritablement
exceptionnelles, provenant des fonds de la Bibliothèque Nationale.
Introduction
aux estampes de Goya :
Les désastres de la guerre (1810 - 1815)
On
a traditionnellement divisé cette série ainsi :
une gravure introductive (1),
quarante-six dédiées aux horreurs de la guerre (2 à
47),
dix-sept sur les scènes de famine à Madrid (48 - 64)
et enfin seize gravures allégoriques appelées Caprices
emphatiques (65 - 80)
auxquelles il faut ajouter les trois gravures non publiées dans
la première édition.
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La
première gravure, Tristes présages de ce qui doit
arriver (Tristes presentimientos de lo que ha de acontecer), montre
une silhouette agenouillée et suppliante, pathétique
représentation de lhomme sans défense face aux
événements terribles qui vont avoir lieu.
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Les
horreurs de la guerre (2 à 47)
Les scènes consacrées aux horreurs de la guerre sont
peut-être les plus déchirantes et les plus originales
de lensemble. Goya ne se rapporte pas à des événements
historiques précis, ne fait pas le portrait de personnages
réels, sauf peut-être dans la gravure n°7 "Quel
courage" (Que valor!.) qui fait peut-être allusion au
comportement héroïque dAugustina dAragon
lors de la défense de Saragosse.
Le protagoniste
des autres images, cest la masse anonyme des soldats français,
des guerilleros espagnols et le peuple victime des uns et des
autres. Pour la première fois dans lhistoire, lartiste
met au premier plan la brutale réalité de la guerre.
La distance qui ennoblissait les actes guerriers, qui les rendait
héroïques, qui les situait dans le futur historique
disparaît. À présent, tout manque de sens.
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La
guerre nest que le cadre propre à laisser les plus
bas instincts humains se déchaîner : le pillage, le
viol, la torture, lassassinat se succèdent dans un
terrible crescendo dont le sommet est atteint dans les gravures
37, Voilà le pire (Esto es peor.) et 39, Grand exploit avec
des morts (Grande hazaña! Con muertos!) où des scènes
de cadavres empalés et mutilés atteignent les sommets
de lhorreur.
Le résultat,
ce sont datroces tas de cadavres (16 - 18 - 22 - 23 - 27)
devant lesquels nous ne pouvons que vomir (12), puisque Cest
pour cela que vous êtes nés (Para eso habeis nacido.)
Même les actes de charité qui amènent quelque
consolation dans les plus dures des guerres (6 - 20 - 24 - 25)
perdent de leur signification avec les commentaires cyniques et
amers de Goya : (Cest bien fait pour toi, Les soigner et
passer à autre chose, Ils pourront encore servir.)
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La famine à Madrid (48
à 64)
À partir
de la gravure 48 se développent des scènes de famine
à Madrid, même sil ny a pas dallusions
précises à des lieux de la ville. Goya à
nouveau étend et généralise à lensemble
du pays leffrayante famine qui désola la capitale
en 1811 et 1812.
De
pathétiques scènes de mendicité (48 - 49
- 51) alternent avec des cadavres qui gisent en pleine rue (50
- 51 - 53 - 58 - 60), jusquà leur transfert dans
les cimetières (56 - 63 - 64). Une forte critique contre
le manque de solidarité des puissants face à leurs
voisins misérables
qui sont dune autre lignée
se fait jour aussi.
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Les Caprices emphatiques
(65 à 80)
Dans les seize
dernières gravures, le langage de Goya va vers un sens
symbolique quil nest pas toujours facile dinterpréter.
Il sagit de ce quon nomme les Caprices emphatiques,
à partir de lalbum de Céan .
Les premières (66 - 67 - 68) semblent avoir un sens anticlérical,
une critique du culte des images et des reliques, bien quil
ne faille pas exclure dautres significations.
La gravure
69 " Rien, Cest ce quil dira " (Nada. Ello
dirá.) que Goya avait peut-être pensé être
la dernière de la série, est une clef de compréhension
de lensemble.
Limage
du squelette qui sort de la tombe avec un papier dans la main
où il est écrit "rien" peut être
interprété comme un symptôme de lincrédulité
religieuse, ou, comme nous le croyons plus justement, comme le
message qui résume et explique les atroces événements
décrits ci-dessus. La douleur, la souffrance ont été
inutiles. La destruction et la mort nont en rien servi à
la régénérescence de lEspagne.
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Les
gravures 70 - 79 semblent se rapporter directement aux luttes entre
les libéraux et les absolutistes lorsque la guerre prit fin
et lors du triomphe final de Ferdinand VII et de sa " camarilla
". Les nouvelles classes dirigeantes ne savent où aller
et leurs intérêts sopposent au bien de tous.
Elles sont
représentées par des vampires (72) des chats (73,
Gatesca pantomima.) , des âmes (74) ou des êtres monstrueux
(71 - 75, El buitre carnívoro.), images influencées
par loeuvre Gli Animali Parlanti du poète satyrique
italien Giovanni Battista Casti, publiée en 1802.
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Les
dernières estampes
Les deux dernières
gravures forment un diptyque qui essaie dintroduire un peu
despoir dans cette série désolante.
La vérité, cest-à-dire la liberté
constitutionnelle est morte (79, Murió la Verdad.) mais
il reste lespoir quelle ressuscite (80, Si resucitará
?).
Un contraste
similaire entre une image positive et une autre négative
est établi à travers les deux gravures supplémentaires
: la guerre, Monstre sauvage (81) et la paix, Voilà ce
qui est vrai (82).
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Le
peintre espagnol Francisco de Goya a vécu les dramatiques événements
qui ont marqué le soulèvement contre les troupes françaises
en 1808.
De 1810 à 1815, il les a décrits dans 82 estampes intitulées
Les désastres de la guerre. Hugo ne les découvrit qu'après
leur publication en 1863.
Vous pouvez en lire le descriptif , puis les regarder sur le site de
la Bibliothèque nationale d'Espagne.
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