Eyck, Jan van

(1395-1441)

Sa vie son parcours

Artiste peintre
Né: ca. 1385-90
Décédé: Brugge 9-07-1441

Jan Van Eyck est une figure symbolique de la Renaissance dans l'Europe du Nord. Il est probablement né à Maaseick, village dans la vallée de la Meuse, mais peut-être à Maastricht, la ville voisine. Ses plus anciennes œuvres connues (1417) ont été exécutées pour le duc Guillaume IV de Bavière (Heures de Milan-Turin, dont une grande partie a disparu lors d'un incendie en 1904).

De 1422 à 1424, il a été au service de Jean de Bavière, prince-évêque de Liège, devenu comte de Hollande.Il a travaillé à la décoration du palais de La Haye.

En 1425, à la mort de son protecteur, il est entré au service du duc de Bourgogne. Valet de chambre et peintre officiel, il a été chargé de plusieurs missions diplomatiques, entre autre en Espagne (1426-1427) et au Portugal, (1429) d'où il a expédié au duc le portrait de la princesse Isabelle, sa future épouse.

Entre 1426 et 1429, il a vécu à Lille, ou il s’est marié. Vers 1430 il s’est établi à Bruges, capitale du duché depuis 1419, lorsque Philippe le Bon avait abandonné Dijon après l'assassinat de son père Jean Sans Peur. Van Eyck a travaillé aux décors palatiaux et a conçu les œuvres éphémères que réclamaient les fêtes de la cour, mais cette partie profane de ses créations est très mal connue. Ses peintures religieuses et ses portraits sont beaucoup plus célèbres.

Van Eyck a aussi travaillé pour la ville : en 1435, il a réalisé la peinture polychrome de six statues décorant la façade de l'Hôtel de ville.

Il est mort le 9 juillet 1441 et a été inhumé dans l'église Saint-Donatien, qui a été détruite à l'époque de la Révolution.

Il y a des spécialistes qui croient que Jan van Eyck avait un frère mystérieux qui aurait commencé l’Agneau Mystique et que Jan l’a terminé après la mort de son frère. Aucune archive sérieuse ne confirme l'existence de ce frère que plusieurs spécialistes estiment légendaire alors que d'autres tentent, à travers des analyses stylistiques, d'identifier les œuvres respectives de chacun.

La production de Jan Van Eyck clairement identifiée comprend de nombreuses autres œuvres religieuses relevant souvent du culte marial : la Vierge dans une église (v. 1425, Berlin-Dalhem), Madone au chancelier Rolin (v. 1430 ou 1435-1436, Paris, musée du Louvre), Madone au chanoine Van der Paele (1434 ou 1436, Bruges, Musée communal), Sainte Barbe (1437, Anvers, Musée royal), Madone à la fontaine (1439, Anvers, Musée royal), Madone de Nicolas Van der Maelbecke (restée inachevée, 1440-1441, Grande-Bretagne, collection privée).

La Madone au chancelier Rolin et La Madone au chanoine Van der Paele témoignent d'une innovation notable : l'artiste introduit dans l'œuvre religieuse, sur le même plan et en équivalence de taille avec les figures sacrées, les donateurs. La puissance évocatrice, la maîtrise de la représentation perspective des intérieurs et du paysage, la complexité symbolique, la virtuosité dans le rendu des tissus, la méticulosité des détails montrent l'inventivité de l'artiste et son exceptionnel savoir-faire.

Les portraits réalisés par Van Eyck annoncent eux aussi une innovation, car ils combinent la précision du détail et l'intérêt pour la personnalité du modèle : Baudoin de Lannoy (postérieur à 1430, Berlin-Dalhem), Thymotheos (1432, Londres, National Gallery), l'Homme au turban rouge (1433, idem), les Époux Arnolfini (1434, idem), Jean De Leeuw (1436, Vienne, Kunsthistorisches Museum), Marguerite Van Eyck, épouse de l'artiste (1439, Bruges, Musée communal).

Toute l'œuvre de Van Eyck témoigne d'un art savant, de connaissances approfondies dans des domaines multiples : botanique, anatomie, astrologie, archéologie, théologie.

La dimension intellectuelle et spirituelle de son œuvre est accompagnée d'un talent technique rare, qui déclenche la fascination. À tel point qu'il s’est vu attribuer à tort l'invention de la peinture à l'huile, procédé qu'il a amélioré en utilisant une substance nouvelle, peut-être l'essence de térébenthine. Sur des panneaux de chêne recouverts d'un enduit blanc opaque et lisse à base de craie et de colle animale sur lequel avait été tracé le dessin préparatoire, il étalait une couche imperméabilisante puis surperposait des glacis colorés, obtenant un chromatisme d'une qualité lumineuse et translucide exceptionnelle. Cette habileté a été mise au service d'innovations thématiques et conceptuelles dont l'influence a été sensible dans toute l'Europe.