La colonne Vandôme
Ses
idées républicaines et socialistes lui font refuser la Légion
d'Honneur proposée par Napoléon III. Mais
en mai 1873, le nouveau président de la République, le maréchal
de Mac-Mahon, décide de faire reconstruire la Colonne Vendôme
aux frais de Courbet (soit plus de 323 000 francs selon le devis établi).
Lui qui fut riche (une toile importante de lui se vendait quinze mille
francs, soit dix ans du salaire d'un ouvrier), le voilà acculé
à la ruine après la chute de la Commune, ses biens mis sous
séquestre, ses toiles confisquées. Il s'exile en Suisse,
à La Tour-de-Peilz, près de Vevey. Courbet obtient de payer
près de 10.000 francs par an pendant 33 ans! Il meurt avant d'avoir
eu à verser la première annuité. Le peintre à succès mérite alors la Légion d'honneur, que le socialiste olympien n'hésite pas à refuser. La guerre de 1870, les événements de la Commune vont bouleverser le cours de la vie de Courbet. Président de la commission nommée par les artistes pour veiller à la conservation des musées et richesses d'art, il joue le rôle d'un directeur des beaux-arts. Il se signale avec la pétition du 14 septembre 1870 demandant le déboulonnage de la colonne Vendôme, "monument dénué de toute valeur artistique, tendant à perpétuer par son expression les idées de guerre et de conquêtes que réprouve le sentiment d'une nation républicaine"; il est présent lorsqu'on abat la Colonne le 16 mai 1871. Après l'effondrement de la Commune, Courbet le "révolutionnaire" est arrêter et traduit en conseil de guerre. Condamné à six mois de prison, il purge sa peine à Sainte-Pélagie. Là, le peintre donne certains de ses tableaux les plus savoureux de texture, en particulier une série de natures mortes aux fruits, ou peint de mémoire marines et paysages avec un dépouillement et un amour qui émeuvent. La suite des sa vie est marquée par le souci de ses dettes; on le refuse au salon de mai 1873; lorsque l'Assemblée adopte le projet de reconstruction de la colonne Vendôme et que Courbet est rendu solidaire des frais, il doit s'exiler en Suisse. La vente judiciaire de 1877 l'accable, et il meurt le 31 décembre. "Ne le plaignons pas , il à traversé les grands courants , il a entendu battre comme des coups de canon le coeur d'un peuple et il a fini en pleine nature, au milieu des arbres", dira en guise d'oraison funèbre cet autre réfractaire que fut Jules Vallès. |