Paul Gauguin

Cahier pour Adeline

Preface

Le Cahier pour Aline

Ms 227. Paul GAUGUIN. - Cahier pour Aline. Tahiti, 1893.

Quelques années plus tard, Jacques Doucet entre en possession d’une autre pièce exceptionnelle de Gauguin : le manuscrit illustré du Cahier pour Aline.

Sans doute rédigé par le peintre à l’intention de sa fille en 1893, lors de son premier séjour polynésien, ce cahier n’est jamais parvenu à sa destinataire, morte à 19 ans d’une pneumonie foudroyante. Il resta parmi les papiers de l’artiste. Victor Segalen put le lire en 1903, chez l’administrateur de Marquises, où les affaires de Gauguin avaient été expédiées après sa mort, trois mois plus tôt.

On connaît mal la destinée du Cahier pour Aline. Il fut remis à Georges-Daniel de Monfreid, vraisemblablement par l’intermédiaire du Ministère des Colonies, et celui-ci le donna à Mette Gauguin qui le vendit très vite, à Paris sans doute. Il fut acheté par Jacques Doucet à une date inconnue et offert par lui en 1927 à l’Université de Paris à l’intention de la Bibliothèque d’art et d’archéologie donnée 10 ans auparavant.

Ce Cahier, constitué de notes éparses, aborde sans ordre des thèmes divers : notes de lecture prises chez Edgar Poe, Verlaine, Schumann, Wagner, Swedenborg ; considérations sur la société et les mœurs contemporaines ; réflexions sur l’art, sur le rôle et les droits de l’artiste. Au centre du Cahier, quatre pages où sous le titre La Genèse d’un tableau Gauguin cherche à expliquer à sa fille l’élaboration d’une œuvre peinte l’année précédente et dont il reprendra le thème dans plusieurs estampes : Manao Tupapau, elle pense au revenant. Il y ajoute un croquis évoquant le tableau.

A la fin du volume, il colle à l’intention de sa fille les articles critiquant l’exposition qu’il organise chez Durand-Ruel en novembre 1893 pour présenter son travail polynésien, après son retour à Paris. Cette exposition s’achève sur un échec et les coupures de presse rassemblées dans le volume illustrent bien tant l’admiration que les violentes critiques qu’elle suscita.

Gauguin ne devait jamais revoir Aline. Il repartit en Polynésie en juin 1895, emportant avec lui le Cahier qui lui était destiné. Il y mourut huit ans plus tard.

Ainsi donc, en dehors de cette pièce exceptionnelle et de l’importante correspondance de Gauguin à sa femme donnée par leur fils dans les années 1920, sont conservées à la Bibliothèque d’art et d’archéologie 28 estampes sur les 78 recensées par Kornfeld dans son catalogue raisonné des estampes de Paul Gauguin, dont certaines en plusieurs tirages.