Paul Gauguin

Peintre Aventurier
1848 ~ 1903
Grand nom de la peinture Haitienne

Après les membres de la Royal Academy, les dessinateurs officiels et les peintres Kitch, après les brillants artistes et les honorables talents, un génie. Dans la peinture française, Delacroix et Fromentin, ce sont les femmes d'Alger et les cavaliers du Sahel, Gauguin c'est l'Océanie.

Homme de finance ayant abandonné la Bourse pour la peinture et la vie familiale pour la bohème artistique, il part là-bas, à 42 ans, pour faire peau neuve, se débarrasser de la civilisation, se retremper dans une nature vierge, vivre de la vie des sauvages, "sans autre préoccupation que de rendre, comme le ferait un enfant, les conceptions de mon cerveau avec l'aide seulement des moyens d'art primitifs. Les seuls bons, les seuls vrais ".

Ayant obtenu une vague mission officielle, il arrive ainsi à Papeete en juin 1891. Il passera deux ans à Tahiti, installé le plus souvent à Mataiea, au bord de la mer, "dans une case au grand toit élevé en pandanus où habitent des lézards". Il connaît là des ennuis de santé et des tracas d'argent, mais la gentillesse des vahine, la douceur du climat, la sollicitude d'un ami fidèle et surtout la stimulation de l’œuvre qu'il a créée lui permettent de tenir le coup tant bien que mal. Et quand il se fait rapatrier deux ans plus tard, il quitte l'île avec plus de cinquante toiles assez importantes, roulées dans ses bagages, pas mal de dessins et croquis, et quelques bibelots sculptés". Il y a là "le portrait de Madame Bambridge", "i raro oviri" et la célèbre "Je vous salue Marie".

Il expose chez Durand Ruel à Paris un ensemble pour nous, aujourd'hui, éblouissant. Le public est d'une incompréhension parfaite. La critique lui a montré le chemin :"pour amuser vos enfants envoyez-les à l'exposition Gauguin. Ils s'amuseront de voir des images coloriées représentant des femelles de quadrumanes, étendues sur des tapis de billard, le tout agrémenté de paroles du cru".

Malgré cet échec, Gauguin, mordu par Tahiti et plus dégouté que jamais par la vie factice des civilisés, décide de retourner en Océanie. C'est en 1895. Il n'en reviendra jamais.

Il s'installe d'abord à Punaauia, à une heure de voiture de Papeete. Là, sans retrouver son souffle créateur du premier séjour, malgré une santé délabrée, il peint avec un certain plaisir, tout en menant joyeuse vie. Il s'est fait construire une maison sur un terrain lui appartenant. Mais, même à des prix dérisoires, 150 ou 200 F la toile! Sa peinture ne se vend pas sur place. Il vomit du sang, se pense perdu, désespère. Avant de disparaitre, il brosse une grande toile qu'il veut un testament symbolique, sur le thème de la destinée. "D' où venons- nous? Qui sommes- nous ? Où allons-nous ?(1899)", aujourd' hui l'honneur du Musée de Boston. Cette oeuvre achevée, il fait un geste qu'il juge définitif, et se suicide, avalant une potion à l'arsenic, mais s'en tire.

Pour un temps sans espérance artistique il va faire soigner ses plaies à Papeete. En ville, on lui offre un petit travail à 6 francs par jour aux Travaux Publics. Il vivote également d'un journalisme satirique et anticolonial, dont les feuilles se nomment les Guêpes et le Sourire.

Vollard, le marchand de tableaux parisien, lui ayant alors proposé une honorable rente mensuelle contre quelques toiles, libéré des soucis d'argent, Gauguin s'en ira vivre aux Marquises où il finira ses jours, assez solitaire, ne sortant plus guère de sa case perdue dans la nature, partagé entre des préoccupations revendicatives qui l'absorbent de plus en plus et son art.

En quelques mois, il va chercher une vingtaine de toiles dont les plus belles, Et "l'Or de leur corps" (1901), aujourd'hui au jeu de Paume à Paris, et les" Cavaliers sur la plage" (1903), "l'Appel "(1902) représentent l'ultime étape dans l'évolution de l'artiste vers une peinture pure où l'essentiel n'est plus le sujet mais le rythme et les couleurs. Son Autoportrait (1903) date de cette époque. On doit aussi à Gauguin maintes sculptures inspirées par la mythologie locale et des bois gravés d'une grande puissance d'évocation.