Jean Pierre Clauzel

ANNEE 1997

Dernieres phrases


ANNEE 1997

Dernieres phrases

Pourquoi ce jour ferait-il date ? Plus qu'un autre ? A moi de le savoir ? Bêtise ! Ce journalier est là, pour ce savoir...De fil en aiguille dit-on ? Je pense bien effectivement, que pour certaines histoires, les écrivains utilisent du fil blanc.
Quant à la blancheur virginale de la "page blanche", il n'y aura jamais de dés pour la repriser.
Il n'en faut pas plus pour en découdre ...

Il vaut mieux avancer d'une seconde, plutôt que retarder d'une semaine. Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. De ces deux évidences. Rien n'est prouvé ...
Faut-il donc prouver une évidence !

Par exemple celle-ci : Michael Haneke écrit « Benny’s vidéo », « Le 7e continent » et « 71 fragments d’une chronologie du hasard », on dirait des titres de livres, et pourtant ce sont des films ! Elfried Jelinek, Edouard Lock ? Des écrivains…

« J’écrirai plutôt : Mesdames et messieurs, mes chers amis, ce numéro est dédié à l’ermite japonais Dokyo, qui mourût en éclatant de rire ». (Dernière phrase de « Je suis un écrivain » de F.Weyergans)

A l'heure où l'on critique Shakespeare ou Socrate, par le simple fait qu'ils n'auraient jamais existé, je trouve un livre de Paul Valery qui s'appelle "Amour".
Ce n'est pas remarquable, c'est seulement Unique. Parce qu'il s'inscrit dans cette notion rare et précieuse, en matière de littérature : L'Indispensable. Je ne dis pas le "Consommable", et je m'adresse encore moins au "consommateur". Je dis "l'indispensable lecture", et ce qui la soutient :
Ce dont la pensée ne peut se passer. Rien à ajouter ...Pour ma part!… Et vous, indispensable lecteur ?…

De ce qui fait diligence, repenser à Stendhal, Flaubert ou Maupassant. Il pourrait y en avoir bien d'autres, si ce n'est de ce siècle, où ce mot aurait plus que tendance à disparaître diligemment.

L.Crémonini inspire Moravia, Althusser et Calvino…

« Je suis sûre que Benjamin reste beaucoup à me dire ». (Dernière phrase de « Les voleurs de beauté » de P.Bruckner)

Ouvrir son livre à la bonne page. Il s'agit bien là d'un phénomène extraordinaire. Où le mot entre - ouvrir devient un entre - voir.
Alors que vous avez là quelque chose de merveilleux. Et que vous vous trouvez en son milieu. Impossible de dire le contraire. Une fois s'en faut. Pour le savoir. Et pourtant, quand on y réfléchit, c'est à dire, si vous le rapportez comme une réalité, dont vous êtes l'instigateur, et qu'en plus vous trouviez cela suffisamment normal, le hasard lui vous donnera une chance sur 100. Une, sur une infinie d'autres, qui puisse ainsi suffire à faire poindre l'aube d'un jour ...
Mais Le Livre n'a-t-il pas son mot à dire ? Ne les voyez-vous pas s’ouvrir à la bonne page ? Tous, alors qu’il suffirait d’un seul…